Un peu d’histoire : l’arrestation des Templiers le 13 octobre 1307 – La première grande rafle policière de France

Un peu d’histoire : l’arrestation des Templiers le 13 octobre 1307 – La première grande rafle policière de France

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En ces temps troublés, la papauté avait à faire face  à plusieurs  problèmes politiques majeurs. Le roi de France règne sur le royaume le plus peuplé de l’Europe. Entre 16 et 20 millions d’habitants. Il lorgne sur tout ce qui lui permettrait de remplir les caisses du royaume et notamment sur les biens des juifs, des Templiers et même ceux de l’église catholique, s’opposant ainsi au Pape soucieux de conserver la force du principe de prééminence du pape sur les rois, du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel. Simultanément, le Pape tente d’organiser la reconquête des Terres Saintes perdues par les croisés le 28 mai 1291 à la chute de Saint-Jean-d’Acre, et, en s’appuyant sur l’ordre des Templiers et le roi d’Aragon, il incite à  la « Reconquista » de l’Ibérie d’Al-Andalus encore sous domination musulmane  tout en organisant  l’Inquisition mise sur pied  par les catholiques au début du XIIIe siècle en France pour empêcher la diffusion de dogmes différents, principalement celui des Cathares en Occitanie et des Vaudois dans le Lubéron.

En accréditant l’idée que les Templiers avaient leur part de responsabilité dans l’échec des croisades (comment peut-on admettre qu’une mission commandée au nom de Dieu par le Pape puisse échouer ?), que leurs mœurs étaient dissolues et leur fortune d’origine douteuse, Philippe le Bel décida de la dissolution de l’ordre du Temple.

Sur ordre manuscrit du Roi, tous les Templiers du royaume de France, au matin du 13 octobre 1307, partout à la même heure, au petit matin,  dans toutes les commanderies du Royaume de France, sont arrêtés  par les commissaires royaux et remis aux inquisiteurs dominicains. Cette opération de police préparée et conduite pendant plus d’un mois  dans le secret le plus absolu par Guillaume de Nogaret, juriste conseiller du Roi, avait nécessité d’abord un recensement de toutes les commanderies du royaume pour savoir à qui il convenait de donner des ordres,  la rédaction manuscrite, d’une part,  de l’ordonnance justifiant la décision du Roi, d’autre part d’un document détaillant les ordres à donner aux exécutants et qui ne pouvait être ouvert qu’à date et heure dite.  Les copistes soumis au secret le plus absolu rédigèrent près de 1500  exemplaires des deux documents qui furent acheminés ensuite par des coursiers de « relais de poste » à « relais de poste » dans tout le royaume de France. Plusieurs milliers d’arrestations. À Paris, on compta 138 arrestations, et celle du maître de l’ordre des Templiers. Trente-six vont mourir des suites de tortures !

Et dans notre Roussillon et l’Aragon ? Mais Philippe IV le Bel ne dispose que pour son royaume de France ! En fin d’année le roi de France et Clément V exhortent les souverains de Majorque et d’Aragon à arrêter tous leurs templiers. D’abord, ils s’y refusent, appelant le Pape à intervenir en leur faveur. L’ordre jouit d’une grande réputation dans cette partie de la chrétienté car il participe activement à la lutte contre les  infidèles dans les opérations de  la Reconquista des territoires tenus par les Arabes en AL  ANDALUS (Espagne et Portugal). De plus, les Templiers, étroitement associés à la gestion financière des royaumes de Majorque et d’Aragon,  se sont vus confier plus de soixante-dix châteaux forts à gérer et défendre. Pourtant, le 22 novembre 1307, le pape choisit la fuite en avant et, ordonne à son tour l’arrestation des Templiers dans tous les États de la chrétienté et l’ouverture d’une enquête sur leurs crimes supposés. Le 1er décembre 1307, Jacques II « craque ». Il ordonne à son représentant à Valence d’arrêter les Templiers et de saisir leurs biens. Le 8 décembre 1307, le commandeur du Mas Déu, Ramón Sa Guardia, prend la tête de l’ordre dans cette région, et se retranche dans Miravet. Finalement, ce n’est qu’en Août 1309 que les 29 frères du Mas Déu sont arrêtés et emprisonnés au Mas Déu, où ils sont rejoints par leur commandeur, extradé d’Aragon. Le procès des Templiers du Mas Déu se tiendra à Elne le 13 octobre 1312. Aucun ne sera reconnu coupable. Pour assurer leur fin de vie, ils percevront même des pensions proportionnelles au rang tenu dans l’Ordre. Finalement, la procédure tourne court en Aragon et le sort des Templiers est confié à des conciles locaux, tel que celui de Tarragone où, le 4 novembre 1312, est déclaré que les frères sont innocents des crimes reprochés « bien qu’ils eussent été mis à la torture pour la confession des crimes ».

Enfin, les historiens notent la disparition le 13 octobre 1307 à Paris où il avait été envoyé en mission, de Raymond de Courbons (Courbous ? Corbos ?), du « hameau de Sournia »,  templier au Mas Déu, près de Perpignan et qui a comparu  ultérieurement au procès de Lleida (Lérida).

Authier Jean-Pierre – L’Espion Catalan – Roman historique – Juin 2019 – TDO –

One Response

  1. Paule Malvezy dit :

    Bsr à nouveau

    Le pouvoir spirituel sur le temporel ! Déjà ! Doit-on se féliciter de la mise en place de la Laïcité et encore elle n’est pas totale dans son application n’est ce pas !!!!!
    Intérêt pour les biens et donc indirectement luttes intestines avec les tentations ou volonté de soumettre les peuples ….et contradictions futures. Les religions ( petit r ) sont elles véritablement régulatrices ou plus commercialement productrices d’huile bouillante ou à mettre sur le feu …….
    N’entre t-on pas dans le champ politique !

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