Culture : LE LIVRE EST UNE CHAINE : SI ON ARRETE UN ELEMENT CLEF, TOUT S’ARRETE (citation)

Culture : LE LIVRE EST UNE CHAINE : SI ON ARRETE UN ELEMENT CLEF, TOUT S’ARRETE (citation)

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Culture : A propos de la Sant JORDI.

« LE LIVRE EST UNE CHAINE : SI ON ARRETE UN ELEMENT CLEF, TOUT S’ARRETE » (citation)

 

Le monde du livre est dans la tourmente. Sous le titre « EDITEURS » l’Indépendant du 8 novembre 2020 (recueils des témoignages par Sylvie Chambon) publie la position de trois éditeurs régionaux ayant pignon sur rue sur les décisions gouvernementales qui nous ont privé de longs mois du plaisir de lire. Par ailleurs, très récemment, l’éditeur GALLIMARD se plaignait du trop-plein  d’écrivains et avertissait les aspirants écrivains qu’il faudrait patienter (ou  ne pas se faire trop d’illusions ?).

Pas d’éditeur, pas de livres à lire. D’ailleurs, pas d’auteur, le premier acteur de la chaine, pas de livre non plus!   C’est indéniable ! La crise prive t’elle les écrivaillons (j’en suis) du plaisir d’écrire ? Nous, les modestes auteurs sans grand succès, restons  sans illusion devant la marée les auteurs professionnels amplifiée par la vague de ceux qui ont écrit sur le COVID, sur la démocratie Américaine, sur la crise des banlieues, sur les futures élections…. après s’être emparés de quelques plateaux de grands médias tapageurs pour assurer la promotion de leur publication.

Mais, mis à part les auteurs qui vivent très largement de leurs tirages supérieurs à 100 000  exemplaires, (de ceux-là aussi les libraires en vivent !) il n’y a rien de comparable entre l’écrivain retraité ayant envie de participer à une activité gratuite ou très peu rénumérée et le (jeune ?) écrivain qui fait de cette activité une source de revenus lui permettant de joindre les deux bouts (Etant entendu que si l’on contracte à 10%, que pour gagner 1000 euros par mois, il faut quand-même réussir à vendre 500 livres vendus 20 euros !).

Alors, en tant que passe-temps, le plaisir d’écrire peut-il se perdre ? Louis Veuillot, journaliste (il fut leur président) et homme de lettres français (1813 – 1883) définissait ainsi le plaisir d’écrire : « Le plaisir d’écrire, c’était de vivre avec une pensée, de la mûrir, de la vêtir, de la faire forte et belle. »

Pour nombre d’entre nous, les écrivaillons, la question est simple : Ecrire est-il un passe-temps et/ou une nécessité ? Pour ce qui me concerne, pratiquer le roman historique (hà ! les frontières entre les historiens et les romanciers !), c’est tenter de faire revivre des évènements qui ont eu lieu dans le passé et de raconter l’Histoire. De celles qui n’ont que peu de chances d’être connues du grand du public s’il elles ne sont pas vulgarisées et racontées en vue, au moins, de  distraire. Des histoires que l’on rencontre sur les rayons des coins « romans historiques» d’une médiathèque, d’une bibliothèque ou d’un supermarché, comble de la diffusion à portée d’un public non expert. Raconter l’histoire sans trahir les historiens qui l’ont rigoureusement analysée. Beaucoup de travail de fond pour ne pas raconter que des bêtises tout en  entraînant le lecteur au plus près du fantasme de l’auteur, qu’il ait les mêmes réactions que lui, enfin qu’il imagine bien au-delà du récit qu’il lui est possible de se glisser dans la peau de personnages, des situations déjà vécues, des lieux qu’il peut identifier. Comme s’il y était ! Et, finalement, même si cela peut être considéré comme prétentieux, faire œuvre d’enrichissement de la ‘culture’ dans des domaines que seuls les éditeurs régionaux peuvent  laisser explorer, comme les collections « histoire du Sud » par exemple. Qu’ils en soient remerciés ! Sans eux, nous n’existerions pas !

Quelle crise ? Peu de temps après le début de la pandémie, les librairies, les médiathèques, les salons du livre, les conférences, les dédicaces dans les supermarchés, les ateliers des clubs de lecture,  ont fermé leurs portes. Bon nombre d’éditeurs ont dû licencier ou à mettre  leurs personnels en chômage partiel et stopper toute activité commerciale. Il leur faut pallier aux stocks d’invendus. Ils ont fait face aux redevances d’auteur des ventes 2020 ! Alors, quand un  éditeur confie qu’à cause de la conjoncture économique qu’il : « a  pris le moins de risques possibles sur les nouveautés. J’ai préféré rééditer des livres qui marchent bien » (citation) et que je constate que le trois-quarts de ce que j’ai écrit se trouve dans l’impossibilité d’être  sous les yeux d’un lecteur, impuissant à changer une situation dans laquelle je suis impliqué malgré moi. Il ne me reste que la frustration, née sûrement de la déception de ne pas pouvoir être lu et de parler du contenu avec mes lecteurs.

Des lors, il est permis de se demander si la frustration pourrait amener à produire « gratuitement » ? Ainsi, un peu en solidarité avec mes lecteurs, en espérant leur apporter du
« mieux vivre » dans un petit moment de leur journée, je prends beaucoup de plaisir à produire en ligne quelques « un peu d’histoire ». Même si, selon moi,  la crise n’est pas une excuse au travail gratuit des écrivaines et des écrivains, une forme d’autoédition permise par les réseaux sociaux, entièrement gratuite, et pour l’auteur et pour le lecteur.

Et pourtant, pas d’éditeur, pas de livre ! Je persiste malgré tout à croire fermement aux vertus du livre. Le plaisir de feuilleter le papier, de corner les pages que je souhaite relire, de ranger l’œuvre dans ma bibliothèque, et de proposer le livre  à la lecture. C’est à ce titre que les stands de livres présentés par les éditeurs au cours de la Sant Jordi sont une fête incontournable pour soutenir et diffuser les livres que l’on a peu loisir de voir dans les présentoirs couverts de livres à fort tirage qui alimentent le fonds de commerce. Rendons hommage au bibliothécaire qui saura guider dans l’arrière-boutique le lecteur vers le livre qu’il savait ne pas pouvoir  dénicher sans aide.

Et, sans doute parce que mon échine est assouplie par mes frustrations très éloignées d’éventuels besoins alimentaires, comment résister à l’édition à compte d’auteur ? Que ne ferait-on pas pour être lu !

 

AUTHIER Jean-Pierre

L’Espion Catalan. Roman historique. TDO éditions. Juin 2019. Réédité janvier 2020.

 

AUTHIER Jean-Pierre

L’Espion Catalan. Roman historique. TDO éditions. Juin 2019.

Thème : 1285 – Prêchée par le Pape, la croisade du Roi de France contre le Roussillon et Aragon.

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