Nous, les vieux, sommes-nous « Utiles » ?

Nous, les vieux, sommes-nous « Utiles » ?

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Pas  moins de cinquante ans que j’entends parler des relations entre anciens et active et que d’aucun se plaint, au fil des années et que les générations défilent, de liens de plus en plus ( ?) dissolus entre la ‘vieille garde’ et ceux qui sont encore aux affaires au sein de la Gendarmerie ! Que diable, eux,  ils n’en sont, quel que soit leur  âge, qu’au deuxième tiers de leur vie ! Après la vie d’ado et d’étudiant, puis leur carrière professionnelle, il leur reste encore, en ‘retraite’, du moins je le leur souhaite, quelques dizaines d’années aussi gaillardes que celles déjà vécues.

Etant de plein pied dans le dernier tiers de ma vie, je vais, sans retenue, y aller moi aussi de mes sentiments  qui portent autour de deux interrogations :

– Les anciens sont t’ils « utiles » et donc « nécessaires »  à l’active ?

– Le culte  des anciens n’est-il qu’une attitude superficielle et pourquoi donc est-il si difficile pour les uns et les autres de se manifester un minimum de reconnaissance ?

 

Etre utile, c’est être profitable (être un bénéfice à quelqu’un ou à quelque chose),  ou avantageux (permettre par exemple une amélioration, qui sert à quelque chose !). Alors, il faut s’interroger sur l’utilité pour l’active de ‘relationner’ (être en rapport) avec les anciens. Il n’a échappé à personne que nous sommes, c’est l’avis clairement exprimé par tous les analystes de notre société, surpris par tel ou tel évènement imprévu, par l’ampleur de mouvements sociaux et troubles qui les accompagnent, et même leur ampleur quand ils surviennent. Puisqu’il doit y avoir un sens à l’utilité, les relations anciens-active (et réciproquement) seraient elles un bon moyen de SAVOIR ?

Nous sommes fascinés par la recherche technique du renseignement qui s’approvisionne largement de ce qui est appelé « la documentation ouverte » soit tout ce qui peut se trouver sur Internet et sur les réseaux sociaux, le vrai et le faux.  Sans oublier la politique du ‘micro tendu’ professé par les médias en continu diffusés en boucle, la plupart des fois sans analyse au fond, ce qui conduit à l’inexactitude et parfois une véritable intoxication, au nom de la liberté d’informer, mais surtout conforme à la politique éditoriale qui pousse à vendre «’à tout prix’ ». Sans oublier non plus tout ce qui est entretenu par des agitateurs professionnels adhérant à une idéologie antirépublicaine.

En conséquence, nous avons tous trop vite perdu de vue que c’est la recherche humaine (le contact physique) qui est à la source de 80% des apports en renseignements. C’est le B.A-BA des méthodes utilisées pour la recherche du renseignement et pour ceux qui en ont la charge de l’exploitation. La technique, c’est bien, mais il faut toujours des hommes sur le terrain pour vérifier ce que la machine nous révèle ! Hors, dans cet objectif de recherche et d’exploitation du renseignement qui devient impérieux (parce que demandé avec autorité par la hiérarchie) c’est « savoir  AVANT » qui importe. C’est ce qui est appelé ‘l’alerte précoce’ par les spécialistes du renseignement : quel renseignement est disponible avant que la crise apparaisse ? Deux exemples parmi d’autres :

Les frémissements du mouvement gilets jaunes par exemple et leur impact local prévisible : combien étions-nous à prédire que si ‘cela continuait comme ça’, ça aller péter ?

Quel type de renseignement pouvait être recueilli et auprès de qui il pouvait-il être obtenu sinon les personnels soignants Chinois ? Comment nous avons pu en savoir plus sinon à aller le renseignement ‘à la source’ avant que l’alerte internationale soit soigneusement retardée par les autorités Chinoises ?

Parce-que savoir « PENDANT » et « APRES », la guerre est perdue !

Alors oui, fréquenter l’ancien, fort de toute son expérience acquise pendant sa carrière, baignant dans son tissus social d’où il est le plus souvent d’origine avec sa famille, peut se révéler être « utile » à l’active dans sa quête du renseignement « d’ambiance », une mission devenue ‘ nécessaire’. Sauf à considérer que, malgré la nécessité, nous serions « inutiles » ! Mais là, c’est le fait du chef ! C’est lui qui, finalement, accorde de l’importance ou non à cette utilité. C’est lui qui incite ou pas ses troupes à user de ce moyen pour qu’il devienne ‘utile’ !

 

Alors, faute d’être utiles, nous fréquenter ne relèverait-il finalement que du « culte du passé » ? Serions-nous, parce-que quelques-uns de nous seraient, par le jeu de l’enthousiasme du progrès technologie de ces dernières décennies, par une vision de la société elle-même ayant subie de profondes transformations, des êtres « hors du coup » ne méritant en fait que de la déférence que l’on manifeste par obligation pour la Sainte Geneviève, « pour le coup », comme on dit ! Bref, des radoteurs qu’il ne faut pas attaquer sur le mode « de mon temps, on faisait comme ça….) sous peine de perdre son temps, ce qui, pour en revenir à ma première réflexion, est loin d’être utile. Quoi que ! Les vieilles recettes pourraient s’avérer parfois beaucoup plus appréciables que le vulgaire brouet du train-train des services imposés ne laissant à l’initiative, apparemment au moins,  qu’une part infime ! Je préfèrerais pour ma part que ce « culte de l’ancien » relève plutôt de la préservation de la (fameuse, et qui le reste) culture Gendarmique et d’une identité collective. Pourquoi donc est-il si difficile, pour les uns et les autres, de se manifester au moins un minimum de reconnaissance ? Avouons que dans nos rangs quelques-uns, il est vrai peu nombreux, sans doute aigris par des circonstances qui ne leur pas été favorables, se comportent parfois comme des grognards se plaignant de leurs conditions de vie en accusant de tous leurs maux notre institution sans égard avec ce qui a nourri, lui et les siens (on appelle ça ‘la reconnaissance du ventre’) pendant de longues années. Que dire aussi de l’actif, qui n’a pas toujours la vocation et qui nous a rejoint ‘ pour des raisons alimentaires’. Sans doute, nous n’avons pas su lui apprendre complètement la valeur de ce qu’ils représentent en « servant ».

Ne les isolons pas ! Ils doivent, les uns et les autres, eux aussi, être respectés ! C’est là tout le sens de notre « identité collective », expression que je préfère à celle de « résilience » qui implique l’obligation de se défendre contre une adversité contre laquelle on ne peut rien. Hors, quand on ne peut plus rien, chez nous, on forme le dernier carré et ce n’est pas la peine de remonter à Napoléon pour trouver des exemples récents où nous y avons été contraints !

Et c’est cela aussi la gloire de nos actifs et de nos anciens.

 

Serrons les rangs !

 

AUTHIER, Jean-Pierre

Retraité de la GENDARMERIE

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